L’escargote

Je fume un joint toute seule. J’écoute et chante Tomboy I d’Indochine en hochant la tête en rythme.
Ce soir je vais à la réunion de la MJC avec la mère de Naton. C’est qui m’a proposé de venir. C’est pour un projet à propos de la science participative. Ils ont besoin de « cobayes » pour tester des applis ; rechercher des escargots, des plantes, des oiseaux, des insectes pollinisateurs.
Je ne sais pas trop où je vais mais j’y vais. Comme cette histoire de chargée de com’ en arrêt maladie longue durée (dépression et burn-out, décidément…), à la MJC. Donc ils auraient besoin de quelqu’un capable de faire la même chose en attendant le retour de la « personne officielle ». C’est encore une info, proposition, suggestion de la mère de Naton. J’ai dit « Why not on verra ». Je ne sais où je vais mais j’y vais.
J’ai tapé une partie de mon journal de bord en HP sur Libre Office. Purin c’est dur. Y a tout qui remonte. Et puis cette détresse… Ouais, ça fait mal.
J’appréhende de plus en plus les histoires de la MJC. Je n’ai jamais fait ça. J’espère que ça va se passer comme pour la Fête de l’Huma.

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Katanas de samouraïs au Victoria & Albert Museum, Londres, mai 2013. 

Bon hier ça s’est pas trop mal passé mais je n’étais pas très à l’aise, surtout quand la mère de Naton a demandé au chef de la MJC s’il avait du travail pour moi.
« Bulli sort d’une période difficile et pour qu’elle ne reste pas inactive, qu’elle ait une vie sociale, j’ai pensé que… »
Alors c’est très gentil et je sais bien que ce n’était pas l’idée mais là j’ai la sensation d’être un cas désespéré à refourguer. Ensuite qu’est-ce qu’elle en sait que je sors d’une période difficile ?! Elle a connu l’inceste, l’envoi en HP d’urgence, l’HP pendant un mois, les TCA, l’anxiété ?! NON. Donc on se tait.
Je sors doucement, lentement, mais je ne suis pas sortie. Non, je suis loin d’en être sortie de toute cette merde. Si j’étais un escargot je dirais que je commence tout juste à sortir mes antennes.
Et puis il y a ce projet de science auquel je participe. Il va falloir que je parle devant un public de je ne sais combien de personnes. Ce que je n’ai pas fait depuis longtemps. Et ça bien sûr, ça me fait un peu beaucoup peur. Mais peut-être que d’ici là j’aurais un peu plus confiance en moi. Sûrement que cet exercice va m’aider, à aller de l’avant, à aller mieux, à avoir un peu plus foi en ma personne… Et là je me surprends à penser, comment auraient-ils réagi si j’étais arrivée avec une canne, des béquilles, en fauteuil roulant…

« Et tu habites où ?
– Euh… Au même endroit qu’eux… »
Moi en désignant Bist, le frère de Naton et sa mère.
Je fais pitié. Je crains. J’aurais pu dire à Peros ou prononcer au moins le nom de mon « beau-frère » et de ma « belle-mère ». Mais bon c’est sorti comme ça. J’ai pensé après que ça craignait. Après, peut-être que tout le monde s’en fout, et que c’est juste mon manque de confiance en moi et mon cerveau qui déraille. Je verrais tout ça avec la psychologue dans 2h.

Mood : entre le bien et mouais. Comment dire ça à Daylio, l’appli pour noter mes humeurs et activités. Aujourd’hui réveillée et levée un peu avant 10h00. Prise de médocs puis petit-déj’, recherches d’emploi, checking des réseaux sociaux… Comme d’habitude.