L’après

Quand je suis sortie de l’hôpital psy en août 2017, je me demandais comment j’allais retrouver une vie « normale ». Si c’était juste possible pour moi.

J’avais peur de sortir, de croiser des gens rencontrés en HP, des gens qui savaient par où j’étais passée, qui m’avait vu pleurer toutes les larmes de mon corps devant un pâté de légumes… J’étais fébrile et je me sentais pas à ma place. Retrouver un travail me semblait impossible.
Puis j’ai été opéré des deux yeux ; la rétine de chaque oeil se décollait et s’il n’y avait pas eu d’intervention chirurgicale j’aurais perdu la vue. Paradoxalement cet « événement » qui paraît plus terrifiant (et moins honteux) que l’hôpital psy pour la plupart des gens, m’a aidé à prendre confiance en moi. Mais c’est vraiment en mars 2018, quand mon copain a décidé de rompre avec moi, et que j’ai dû aller vivre chez ma mère, que j’ai commencé à me sentir mieux et à m’aimer.

 

Il aura suffit de deux mois (mi-mars à mi-mai 2018), pour que je me débarrasse de la dépendance affective, pour que j’apprenne à gérer mes angoisses, pour que je me découvre et m’assume. Il faut croire que la confiance en soi rend sexy, attirant-e, car mon copain est revenu vers moi. Depuis nous sommes toujours ensemble et plus heureux que jamais.

En août 2018 j’ai diminué ma dose d’antidépresseurs, passant de deux gélules de 75 mg de venlafaxine par jour à une seule. J’ai aussi arrêté de voir ma psychologue, mon Virgile pendant cette traversée dantesque de l’Enfer.

Je me souviens de la psychiatre qui était chargée de mon cas à l’hôpital psy, et de ce qu’elle m’avait dit lors de notre dernière séance. « Vous êtes sûre que vous ne voulez pas faire une reconversion professionnelle, ou juste y réfléchir ? (…) Vous devrez constamment rester vigilante, vous serez toujours un organisme fragile. » Elle avait raison.
Fin mars 2019 je me suis rendue compte que je ne pouvais plus continuer à être journaliste/rédactrice web. C’est un métier trop anxiogène, trop inhumain, trop fermé pour moi. C’est une voie que j’ai choisi sans vraiment connaître et surtout sans me connaître moi-même. Maintenant que je sais qui je suis, ce que j’aime, ce que je veux et ce que je vaux, je sais où je veux aller.

Oh oui il y en a eu du changement depuis deux ans, et les meilleures preuves de cette évolution sont sans aucun doute les paroles de ma plus ancienne amie lors de notre périple à Fuerteventura : « Avant t’avais peur des gens, maintenant t’es limite la plus sociable d’entre nous. »
Et surtout la réflexion de ma mère : « Je vois bien la progression en un an et tous les changements qu’il y a eu depuis ton arrivée.« 

De la séparation

J’ai juste envie d’aller voir ailleurs et de kiffer.

Marre de ces gens qui ne savent pas ce qu’ils veulent. J’ai pas le temps pour ces conneries.

Il y a quelques années voire quelques mois je  ne l’aurais pas laissé partir, je me serais accrochée, l’aurais forcé, aurais accepté tout et n’importe quoi, y compris de me rabaisser à n’être qu’un trou dans lequel on se vide puis qu’on jette, pourvu qu’on me donne l’illusion d’être aimée, belle et forte. Là mon ego a débarqué et m’a gueulé « Pense à toi, ne te rabaisse pas, ne soit pas à la disposition de… »

Je me rends compte que c’est toujours moi qui le faisait bouger ; qui organisais des voyages, proposais des sorties ou lui faisais des cadeaux. Lui à part pour aller à la Fête de l’Huma ou voir ses potes il ne quittait pas sa chambre et son PC. Et là il me quitte car il a découvert la capitale, donc qu’il y a autre chose que sa petite banlieue et son cercle d’amis… Pauv’ mec.

Qu’il aille faire ses études, qu’il rentre sur le marché du travail à je ne sais quel âge, qu’il galère cet enfoiré. Moi je sais ce que je veux, où je vais et j’ai tout ce qu’il faut pour y arriver.

Je vais sortir, m’amuser, faire la fête, voyager, rencontrer des gens, en retrouver, je vais vivre encore plus fort.

J’ai connu la dépression, l’anxiété, l’hp. J’ai pensé tant de fois au suicide, à la mort, les ai tellement frôlé. J’ai failli y rester mais je m’en suis sortie. Non pas grâce à un mec mais à une équipe soignante attentionnée, à une psychologue incroyable, une famille intelligente, aux autres « tarés » et surtout, grâce à ma rage de vivre.

Just chill

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Victoria & Albert Museum. Londres, Mai 2013.

Mon petit coeur est lourd et vide
De sens, de rage et de colère

C’était une belle histoire, la plus douce et sincère, la meilleure que j’ai vécu pour dans ma jeune vie. Et pour qu’elle reste elle-même il fallait qu’elle s’arrête.
Jusqu’au bout nous avons été tendres, respectueux et bienveillants.
Honnêtes et francs.
Il va en falloir du temps.
Il va en falloir du soleil, des éclats de rire, des boissons fraîches, des petits patounes, des joints, des cafés, des infusions, de la musique qui fait bouger ton boule, des nouveaux horizons, des fleurs,des plantes, des feux d’artifices et des aquariums, des sorties à la mer et à la piscine, des gentils garçons et des jolies filles.
C’était une belle histoire du début à la fin, malgré les galère. C’était une belle histoire et elle va me manquer.

Merci pour ces cinq années merveilleuses.
Merci de m’avoir aidé, soutenu, encouragé de m’avoir fait évoluer, grandir, devenir meilleure. Merci de m’avoir sauvé.
Merci d’avoir été (là).