03.08.2017

Couchée plus tard que d’habitude, je me réveille plus tôt de manière naturelle. Sans pleurer et avoir la boule au ventre.

J’ai fumé une clope et croisé une infirmière qui m’a demandé si je me sentais prête à sortir. J’ai répondu oui et elle m’a rétorqué que je n’avais pas l’air convaincue. Alors j’ai expliqué que je ne voulais pas me faire de faux espoirs par rapport à ce que pourrait dire Mme Molosse mais j’ai répété que je me sentais prête à sortir.

Je me sens bien. J’ai envie de partir définitivement. Je me sens prête à reprendre une vie « normale » tout en douceur. J’ai juste peur qu’on me dise : « Vous devez encore rester ici pour une durée indéterminée. » Alors je souris, j’écris, je fais comme si de rien n’était. Et j’espère sortir bientôt. J’espère que les « 48h » de permission seront décisives.

 

Je pensais aller à l’activité « jardin » quand l’infirmière vue ce matin m’a dit qu’à la place je verrais Mme Molosse. En attendant j’ai lu et quand j’ai regardé l’heure la pendule affichait déjà 11h50, soit presque l’heure du repas de midi.

Je suis allée voir une infirmière pour lui expliquer la situation. Comme quoi je n’avais pas pu aller jardiner parce que je devais voir Mme Molosse et que je ne l’avais pas vu. L’infirmière m’a expliqué que les entretiens de ce matin avaient duré plus longtemps que prévu et que Mme Molosse était la seule psychiatre présente cette semaine (ce que je savais déjà). Elle m’a aussi dit que si elle (Mme Molosse), ne m’avait pas vu en urgence c’est qu’il n’y avait pas de problème, que je n’avais pas à m’inquiéter.

Le personnel soignant me fait confiance donc je ne vois pas pourquoi je ne lui ferais pas confiance également. Qui plus est, la réflexion faîte par cette infirmière était la même que je m’étais faîte une fois où Mme Molosse n’avait pas pu me recevoir.

Le principal c’est que samedi à 9h je quitte cet endroit pour y revenir le lendemain à 18h. Après on verra, mais je me sens tellement mieux qu’aux mois de juin, de juillet et depuis mon arrivée en HP. J’arrive à me protéger du stress et de l’angoisse.

 

J’ai vu Mme Molosse. Elle m’a demandé de réfléchir à une date pour une sortie. « Une sortie ? Un jour de permission ? » Ai-je demandé. « Non, pour une sortie définitive. Nous n’allons pas vous garder plus qu’il faut si tout se passe bien pendant ce weekend. » Et là, la joie au fond de moi. J’essaye de garder mon calme, de ne pas trop m’emballer. D’ailleurs c’est ce que je leur dis, à Mme Molosse, à l’infirmière et à l’assistante sociale autour de moi. « Je tente de garder un certain équilibre entre espoir et crainte, pour éviter d’être trop déçue et de replonger encore plus profondément. »

Je leur ai expliqué l’histoire avec le centre des Buttes-Chaumont, et toutes ont écarquillé les yeux, trouvé ça hallucinant, révoltant et bizarre. Elles m’ont expliqué que, du moment qu’il n’y a pas de procédure judiciaire d’enclenchée, une thérapie de famille est possible. Pas besoin de passer par la Justice avant, même dans mon cas.

Elles n’ont pas su me dire où il était possible de faire une thérapie familiale dans le coin. Elles vont se renseigner pour moi. Et moi je vais me renseigner ce weekend. Et encore avant ça, je leur ai raconté le dimanche après-midi avec mes parents, la question de ma mère quant à si elle pouvait raconter THE BIG problème à mes grands-parents. Mme Molosse a validé la réaction que j’ai eu ; demander l’avis de mon frère et le suivre. Elle a dit que maintenant tout était propre et qu’il était inutile de ressasser le passé sans professionnels à mes côtés. C’est exactement ce que je pensais. Je suis heureuse.

« Et vos 48h à la maison vous les sentez comment du coup ? » m’a demandé Mme Molosse, la psychiatre que tous les autres patients détestent. « Bien, très bien, j’y crois, je veux que ça se passe bien. » Ai-je répondu.

 

Non, il n’y aura pas de crises d’angoisse ni de larmes versées. Non, je ne m’énerverai pas. J’ai trop appris en presque un mois pour rechuter. Pour ce qui est du cannabis je vais grandement diminuer. En revanche, l’alcool j’en ai plus du tout envie. Peut-être que je boirai un petit verre de temps en temps, mais je ne veux plus d’après-midi et de soirées où je passe mon temps à boire je ne sais combien de verres. Pareil pour les repas. Un petit verre de bon vin pour accompagner de la bonne bouffe. Un verre de champagne lors des grandes occasions, pas plus. Et quand je serais tentée de dépasser le quota, de faire une entorse à mes règles, je me souviendrais de ce séjour en HP. Je relirai ce journal.

Véra, la jolie jeune femme noire déjà hospitalisée une fois ici, maman d’une petite fille, trouve ma présence apaisante. Elle aimerait rester avec moi pour ne pas être toute seule, pour s’occuper. Cela ne me gêne pas mais je ne sais pas trop quoi lui dire. Elle comprend et ne veux pas me déranger, m’accaparer. Je lui ai expliqué que je n’étais pas psychologue, ni psychiatre, encore moins infirmière. Elle comprend très bien. Je suis désolée pour elle mais je ne culpabilise pas car je sais que je n’ai pas la force, les capacités et connaissances pour aider et soigner les autres, encore moins celleux en HP dont je fais partie.

 

Le parcours, le corps et l’esprit de chaque patient-e sont différents. Notre seul point commun est d’être en ce lieu : l’HP. Pour ma part j’ai cette « chance » d’avoir l’écriture et ce je ne sais quoi que m’a peut-être transmis mon père ; je ne parle pas, reste discrète mais les gens viennent à moi. Et puis j’ai un énorme soutien : mon copain.

J’ai la relation sentimentale que j’ai toujours souhaité. La personne dont j’ai toujours rêvé. Ensuite il y a mes parents qui se révèlent être forts, intelligents, aimants et qui ont su me le prouver quand j’en ai eu le plus besoin. Enfin il y a moi et ma volonté d’aller mieux, de me relever et d’avancer. Il y a mon intelligence et mon instinct (de survie).

Chacun-e doit trouver ses armes, les forger, les entretenir, parfois les reforger, comme cela a été le cas avec mes parents. C’est long et difficile mais nécessaire et vital.

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