28.07.2017

Il y a un air joyeux et serein qui flotte en ce matin. Pas seulement dans ma tête mais aussi dans celle de plusieurs patient-e-s. Et pas que chez celleux qui sortent définitivement aujourd’hui.

 

Mon cerveau continue la purge d’angoisses. Cette nuit, le rêve était (encore) lié à mon dernier taf, à mon premier jour de travail, au poste de je-ne-sais-quoi, mais en lien avec des images. Pas de trace de mon ancien boss ni de… Merde comment s’appelle celle qui a été ma « cheffe » pendant 6 mois. Mon cerveau a dû l’effacer. Preuve que cette femme m’a réellement traumatisé.

Dans mon rêve, mon nouveau chef me soupçonnait d’être une droguée incompétente qui l’aurait berné lors de l’entretien d’embauche. J’étais dans un open-space avec très peu de place, à côté d’une jolie jeune brune qui maîtrisait ce qu’elle faisait. Et moi je sentais la pression, et que je serais jetée dès la fin de la journée voire avant midi mais je n’étais pas affolée ni paniquée, du moins je ne laissais rien transparaître. J’acceptais la situation en me sentant déjà saoulée par l’endroit, les gens et l’atmosphère qu’ils créaient.

 

Demain à la même heure je quitterai l’HP pour la première fois le temps de quelques heures. Après 21 jours d’hospitalisation. Je quitterai l’HP, non pas pour un atelier ou une sortie en groupe, mais pour retrouver mon copain, sa famille, les chats et la maison. Vivement demain. Et vivement la semaine prochaine, surtout le weekend, la permission des « 48h » : le grand test. Encore un peu de patience.

 

Purin de merde c’était sûrement le pire repas que j’ai pris ici. Non pas parce que la bouffe était mauvaise mais à cause du stress.

D’abord il y a celle qui grince des dents, dont tu te demandes si elle ne le fait pas exprès ou si elle le fait juste pour te faire chier. Je penche pour la deuxième option puisque quand tu te bouches les oreilles elle se tourne vers toi, te fixe et grince des dents encore plus fort.

Ensuite, parce que le jeune héroïnomane qui était parti, et dont au début je n’avais rien contre, est revenu pour son injection de subutex. Et il harcèle tous les fumeurs et toutes les fumeuses, moi y compris, pour avoir une clope.

Mes nerfs sont à vifs. Je vais me faire une petite séance de relaxation puis j’irai voir l’assistante sociale et j’appellerai mon copain. J’espère que l’autre stresseur de service va vite déguerpir.

 

Il a vite déguerpi.

Il est 20h30 et je suis au lit, non pas pour fuir les autres ou parce que je suis trop fatiguée, juste par envie. Parce que ça me fait du bien de me retrouver seule avec moi-même et de prendre soin de ma petite personne ; me laver le visage, me crémer les cheveux, me masser le corps.

Je ne sais pas ce qu’ont les autres patients contre Mme Molosse, pourquoi ils la détestent autant ? Sûrement parce qu’elle leur a dit ce qu’ils ne veulent pas entendre. Sûrement parce qu’ils ne veulent pas, n’arrivent pas à prendre conscience qu’ils sont malades, en souffrance.

J’ai lu pas mal d’histoires glauques à propos des psychiatres, du personnel soignant et des hôpitaux psychiatriques. Mme Molosse et ce service ne s’en rapprochent pas. Bien sûr l’isolement et la zombification (auxquels j’ai échappé), sont là et bien cruels comme il faut, mais s’il y avait plus de moyens et de personnel, ces « méthodes » ne seraient peut-être plus utilisées.

Quant à moi je ne suis pas mieux ni pire que les autres, pas plus faible, ni plus forte. Je suis moi, avec mes traumas, mon passé, mon corps, mon vécu. Ma chance c’est d’être intelligente, comme mes parents et mon copain, et de les avoir comme soutiens.

Ma culpabilité et mes angoisses ont grandement baissés. Je n’ai pas encore atteint la ligne d’arrivée mais je m’en rapproche doucement et sûrement. Pour une fois la petite voix au fond de moi est d’accord, alors j’ose avoir confiance et croire que cette étape prendra bientôt fin.

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